Documents donnés lors de la journée du patrimoine 2010: Eglise St Symphorien de Genouilly.
Cet édifice fut inscrit sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1927. Il présente un style de transition entre roman et ogival: au XIIème siècle une nef fut construite(sans transept) suivie d'un choeur et d'une abside, puis au XIIIème siècle fut élevé le clocher-porche et enfin au XVIème siècle les murs latéraux du choeur furent éventrés pour donner passages à deux chapelles.
Seuls le chevet et le choeur ont donc conservé les caractéristiques romanes de la fin du XIIème siècle. L'abside, tournée vers l'Est, hémisphérique à l'intérieur, est couverte de trois voûtains rayonnants soutenus par deux arcs d'arête, elle est éclairée par des fenêtres encadrées de chapiteaux à feuilles d'acanthe ( l'un de ces chapiteaux est surmonté d'un sommier carré enveloppé d'étroites feuilles d'acanthe). Cette abside s'ouvre sur le choeur par un arc doubleau longé de deux tores ornés de macarons semi-sphériques.
L'autel daté du XVIIIème siècle ainsi que les stalles proviennent de la chapelle du château de Maisonfort. Le choeur est limité par quetre arcades en tiers point dont certaines reposent sur des groupes de colonnes. Les chapiteaux sont couverts d'arabesques et d'élégants rinceaux dont l'un d'eux, près de la nef, représente un acrobate la tête en bas, personnage forcément grotesque accompagné de deux animaux sauvages. Il est clair que ces chapiteaux strictement romans font contrastes avec les ogives qu'ils reçoivent: une telle cohabitation de style n'est pas rare en Berry. La voûte du choeur est très bombée, ce qui tend à démontrer l'influence de l'architecture angevine à l'époque gothique: les quatre branches d'ogives présentent une analogie frappante avec celle de la cathédrale Saint Maurice d'Angers par la large bande rehaussée de fleurette à quatre pétales accompagnée de deux tores. Côté nef, quelques claveaux sont décorés de petites têtes vues de face. Autrefois , cette nef possédait une voûte en berceau de bois mais cette dernière a été dénaturée au XIXème siècle et remplacée par des voûtes en pierre recouverte d'ogives en plâtre.
La nef débouche à l'est sur le clocher-porche datant du XIIème siècle, puissante tour carrée munie de contreforts au longs glacis, jadis ajourée de quatre baies brisées et surmontée d'un beffroi dont la flèche fut remplacée vers 1900 par la toiture quadrangulaire actuelle.
Le portail de la façade primitive(c'est à dire avant la construction du porche) est décoré de voussures reposant sur des colonnettes aux chapiteaux à crochets.
Les deux chapelles latérales furent offertes au XVIème siècle par les seigneur de Maisonfort: Gabriel de la Châtre et sa troisième épouse Jeanne Sanglier dont on peut voir l'écusson sur la clé de voûte de la chapelle Sud. Ces chapelles possèdent quatre branches d'ogives retombant sur des culs-de-lampe historiés, décorés de pampres, de feuillages, d'angelots (chapelle Nord), de motifs en coquilles, d'un oiseau fantastique (chapelle Sud). Ces chapelles sont suivies d'absidioles à pans coupés et correspondent avec le choeur roman par deux grandes arcades en tiers point. Elles reçurent en 1536, grâce à la générosité du seigneur de la Maisonfort, Claude Ier de la Châtre et son épouse Anne Robertet, cinq verrières. Ces vitraux ont été classé aux monuments historiques en 1892. Ils furent restaurés une première fois au XIXème siècle puis au début du XXème siècle mais dans de mauvaises conditions. Des travaux de restauration (1975-1978) ont permis de les recomposer selon le modèle original tout en y ajoutant quelques panneaux contemporains. Dans la chapelle Nord, près de la sacristie, on peut voir dans un lobe un fin travail représentant un ange vêtu de vert avec des ailes rouges et jouant de la harpe. On lit AVE MARIA, il s'agit donc de l'ange de l'annonciation. Juste au dessous, sur l'entablement, on peut lire le nom des saints figurants dans les lancettes: saint Cosme et saint Antoine. Dans le vitrail suivant, on admirera sainte Anne (patronne de la donatrice) apprenant à lire à la vierge(la partie inférieure de la lancettes et de l'entablement datent du XVIème siècle). Puis, à droite, on peut voir saint Marguerite portant la palme du martyre et dans l'oculus, au dessus, la vierge de l'annonciation. Dans la troisième verrière de la chapelle Nord, on voit sainte Marthe foulant le dragon et à droite les litanies de la vierge, enfin, dans l'oculus correspondant on peut admirer le Christ portant la croix de résurrection. Le vitrail de l'abside représente saint Claude, patron du donateur, la partie supérieure du personnage ainsi que l'entablement datent du XVIème siècle. Dans la chapelle Sud, il s'agit de Jean-Baptiste et de sainte Suzanne. Les vitraux de l'église saint Symphorien de Genouilly présentent bien des sujets de parenté avec ceux de l'atelier de Jean Lécuyer, maître verrier à Bourges au XVIème siècle. Son vitrail le plus réputé est visible à l'église saint Bonnet: il s'agit de l'éducation de saint Claude exécuté en 1544.
Dans la chapelle Sud, on s'attardera sur le monument funéraire datant de la fin du XVIème siècle et du début du XVIIème Siècle. C'est probablement le Maréchal Claude de la Châtre qui le fit élever pour son aïeul, Gabriel de la Châtre. En 1614, le corps du Maréchal y fut déposé avant d'être transporté à Bourges en grande pompe. Ce cénotaphe consiste en un enfeu surmonté d'un beau cadre de pierre de style Renaissance ( les parties basses ont été mutilées) et repose sur de puissantes pattes de lion. les consoles sont décorées de rinceaux; la voûte à caisson carrés comporte des rosaces variées. Quant à l'encadrement, il est orné de pilastres cannelés enrichis d'attributs guerriers (heaume, cuirasse, cuissards, gantelets, boucliers) . La plaque qui était au centre a été remplacée par la plaque commémorative des morts de la première guerre mondiale, ce qui a modifié le caractère de ce cénotaphe.
Avec le prieuré de Grandmont Fontblanche, l'église paroissiale saint Symphorien représente le principal élément du patrimoine artistique de Genouilly.
Cet article est visible dans la chapelle Nord de l'église: il est issu des études menés par Suzanne Aléon et Solange Coupat en 1998 et a permis d'organiser les premières visites guidées de l'édifice.