Extrait de "Mémoires de la société des antiquaires du Centre."
1869: L'ancienne grange dîmière de l'abbaye de Massay nous offre trois travées couvertes de voûtes soustendues par de forts arcs d'ogives: malgré l'apparence cupoliforme de l'extrados de ces voûtes, leurs rangées de moellons sont perpendiculaires au mur et s'appuient sur les arcs diagonaux, c'est donc bien une construction ogivale proprement dite.
1899: Rappelons d'abord qu'à Massay, au nord d'issoudun et au sud ouest de Vierzon , il existait jadis une abbaye de l'ordre de saint Benoit qui comptait parmi les plus anciennes et les plus riches de la province de Berry. Contemporaine des derniers rois mérovingiens, elle avait été plusieurs fois ruinée et rétablie, et, au début des temps féodaux, elle possédait, grâce aux libéralités des seigneurs circonvoisins, des domaines étendus. Parmi ces domaines, se trouvait un alleu situé au lieu dit la Berthenoux (Britonoria, Bretenor), où quelques religieux s'étaient etablis et avaient formé un prieuré, destiné à passer par les mêmes alternatives que l'abbaye dont il dépendait. Il fut en effet brûlé vers 1175 par Jean 11, seigneur de Linières, qui était alors en guerre avec Raoul, dernier du nom, prince de Déols.
Jean de Linières commit à cette occasion de tels dégâts dans toute la paroisse qu'il fut excommunié par l'archevêque de Bourges, Guérin. Son frère Eudes et son oncle Seguin lui conseillèrent de se soumettre et de transiger avec l'abbé de Massay, ce qu'il fit en 1177, par l'entremise des abbés de la Prée et de Chezal-Benoîl, en présence de l'archevêque Guerin. Pour indemniser les religieux de Massay et leurs hommes, « il leur accorda tout l'usage du Bois-Gonteau, à bâtir et à brûler, ainsi que le pacage et le panage de leurs bestiaux sans payer aucun droit il leur delaissa en outre tous les hommes serfs qu'il avait à la Berthenoux». À ces droits importants les seigneurs de Chàteauroux en ajoutèrent d'autres. En 1228, le lundi de la Pentecôte (15 mai), Guillaume Ier de Chauvigny transige avec le prieur de la Berthenoux, relativement aux droits d'usage que ce dernier prétendait dans ses forêts. En 1262, le vendredi avant les Rameaux (31 mars), son fils et successeur, Guillaume II de Chauvigny, abandonne à l'abbé et aux religieux de Massay une partie de la justice sur la Berthenoux, qui se trouvait dans le ressort de sa baronnie, conservant pour lui le reste et notamment l'exécution des sentences de mort contre les criminels L'alleu des moines devenait ainsi un alleu justicier, et son importance s'en accroissait d'autant.
C'est vraisemblablement à cette epoque de prospérité que l'abbé de Massay établit a la Berthenoux (in villa de la Bretenor) la foire de la Nativité. Cette foire commença petitement, par une sorte de marché les gens qui s'y rendaient n'y vendirent d'abord « que du blé, des fruits et autres choses menues » mais l'abbé de
Massay avait pris une mesure qui devait assurer à bref délai le développement du nouveau marché il ne percevait à son occasion aucune redevance, « ni tonlieu,
ni coutume ». – Le marché de la Berthenoux existait depuis quelque temps lorsqu'il vint à l'idée de Guillaume II de Chauvigny d'en établir un de son côté, non
loin de la, à Ronay (Cosnay),le même jour de la Nativité.
De plus, pour supprimer la concurrence que pouvait lui faire l'abbé de Massay, le seigneur de Châteauroux défendit à ses hommes de se rendre au marché de la Berthenoux. Lésé dans ses intérêts, l'abbé de Massay se plaignit au Parlement et demanda la suppression du marché de Ronay et la révocation de la défense adressée par Guillaume à ses sujets
Guillaume de Chauvigny commença par soulever un incident de procédure. Il prétendit que la villa de la Brelenor était comprise dans sa châtellenie, et que le
procès devait par suite être porté devant sa propre cour. L'abbé et le procureur de Massay répliquèrent qu'ils ne tenaient rien du seigneur de Chàteauroux,
que leur alleu de la Berthenoux ne pouvait être considéré comme faisant partie de sa châtellenie, qu'au surplus, en admettant qu'il en eût quelque temps fait par- tie, le seigneur de Châteauroux, par ses propres lettres, l'en avait fait sortir. Les gens du Parlement, sur le vu de ces lettres, déboutèrent Guillaume de Chauvi-
gny à leur session de la Toussaint 1268 et décidèrent que le procés ne lui serait pas renvoyé.
La cause retenue par le Parlement fut jugée au fond en 1269. Pour maintenir son marché, le baron de Châteauroux produisit deux arguments, l'un de fait,
l'autre de droit. En fait, il soutint que l'abbé de Massay n'avait à proprement parler « ni marché, ni foire » à la Berthenoux, au jour de la Nativité qu'il y avait seulement ce jour-là un certain concours de peuple vendant « des choses menues », et à qui l'abbé n'avait jamais fait payer aucun droit de marché. En droit, il ajouta que sa foire de Ronay ne devait pas disparaître, parce que, en sa qualité de baron, il était en possession, ainsi que l'avaient été ses prédécesseurs, « d'établir des foires dans ses terres autant que cela lui paraîtrait convenable, et de les concéder aux églises, lieux religieux, ou autres ».
En formulant ce dernier argument, Guillaume II de Chauvigny se trompait d'époque. Un demi-siècle auparavant, au milieu du règne de Philippe-Auguste, devant une Curia régis encore composée de grands vassaux, jaloux de leurs prérogatives, un pareil argument lui eût assuré gain de cause à la fin du règne de saint Louis, devant le Parlamentum composé en majeure partie de légistes, il lui fut fatal. Quelques conseillers s'avisèrent en effet que la foire de Ronay « avait été créée sans la permission et le consentement du seigneur roi or, en 1269, l'autorité royale était assez bien établie pour qu'il fût reconnu que si « çascuns barons est souvrains en se baronnie », comme le dit encore Beaumanoir, cependant « li rois est sovrains par desor tous. par quoi il pot fere tex eslablissemens comme il li plest por le commun porfit, et ce qu'il eslablist doit estre tenu » et Beaumanoir note précisément parmi les conséquences de cette doctrine l'interdiction aux barons de « fere noviax marcies, ne noveles coustumes sans le congié du Roi ». – C'était déjà l'avis, expressément formulé, de quelques-uns des conseillers qui siégeaient au Parlement en 1269. Aussi sans tenir compte de la possession alléguée par le seigneur de Châteauroux, sans s'arrêter d'autre part à examiner la réclamation de l'abbé de Massay, ils ne voulurent voir dans la cause qui leur était soumise qu'une atteinte aux droits du roi, et donnèrent ordre au bailli de Berry « de faire tomber la susdite foire du seigneur de Châteauroux». Le marché de la Berthenoux subsista au contraire et devint avec le temps la foire importante que nous connaissons.
1927: Par transaction du 24 février 1135, il avait été convenu entre noble Giroius de Massay et l"abbé de Suger, pour le prieuré de Reuilly, que le premier aurait droit chez lezs moines à cinq ou six repas par an. Giroius eut un fils Rosbert, celui-ci une fille Jacqueline, qui eut Raoul Corau un fils Pierre, à qui ce même droit était tenu en héritage, mais qui, étant sous-âgé, avait besoin pour l'exercer de l"assistance de son père.Les moines trouvaient lourde pareille obligation de gîte, d'autant que quatre ou cinq compagnons avec leurs chevaux et serviteurs les accompagnaient; une rente de 6 l.t.(?) payable à Pierre Corau , en l'octave de la saint Denys, en affranchit l'abbaye. Quant au sergent dudit, conformément à la convention de 1135, il continuait à percevoir à sept fêtes de l'année la dite procuration.
1931: le 9 avril 1200, le 24 mars 1201: Bourges: les abbés de Saint-Sulpice et de Massay, de Saint Satur et de Saint-Ambroix, Simon, abbé de la Prée, Me Pierre de Vicq et Eude de Fauchecourt notifient à Philippe, Roi de France , le résultat du procés intenté aux moines de Fontmorigny par les paroissiens de Vornay. Ceux-ci prétendaient avoir droit de pacage dans les brosses d'Urichamp: les moines au contraire, à la suite d'un premier procés et en raison de l'acense(Bail à cens) qui leur en avait été faite, les avaient entourées de fossés par ordre de Bertrand de Tournel, officier du roi en Berry; Hugue de la Chapelle investit les moines des brosses en litige et interdit aux plaignants de molester désormais à ce sujet les religieux de Fontmorigny...
...Hugue de la Chapelle , déboutant les paroissiens de Vornay de la plainte adressée par eux à Philippe, Roi de France, à propos des brosses d'Urichamp, où ils prétendaient avoir droit de pacage, confirme aux moines de Fontmorigny la jouissance de ces brosses et en interdit l'accés aux gens de Vornay...
le 2 septembre 1379: Par arrêt rendu sur délibération de soixante-quinze juges, le parlement de Paris décrète que les abbayes de Massay, de Fontmorigny et de saint Sulpice, etc., sont sous la garde, non de Jean, duc de Berry et d'Auvergne, mais de Charles V, Roi de France.
Extrait de "Mémoires de la société Historique, littéraire et scientifique du Cher"
1896: Motte-d'Hiors (Arch. de la). Ce fief, qui relevait de l'abbaye de Massay, a été vendu, en 1894, par Mlle Estelle Bougeret à M. Edouard Labreuil.
A Massay, situé à quelques kilomètres de la voie, dans la direction de Vierzon, un dolmen détruit ren 1825.
Fondation de l'abbaye de Massay.
Si la construction de l'abbaye de Dèvre ne remonte qu'à Charles le Chauve, bien qu'avant son édification il ait pu exister en ce lieu un petit monastère, celle d'une abbaye voisine, Massay, est d'une date beaucoup plus reculée, car sa chronique et ses archives permettent d'en faire remonter l'origine à une haute antiquité. Toutes ces preuves ont été en grande partie détruites par l'incendie de la Préfecture du Cher, mais elles ont passé sous les yeux de Béchereau dont
le récit acquiert, par suite, une valeur relative toute particulière: d'après lui, les abbés jouirent jusqu'au XIIIe siècle du privilège de battre monnaie, ainsi que l'établissent d'ailleurs plusieurs contrats d'acquisition dont le prix était payable en monnaie de Massay.
Le chartrier de l'abbaye fournit bien d'autres renseignements intéressants : « Louis VII étant à Bourges, permit aux chanoines du Château, par une charte signée des grands officiers et autres, de bâtir un four, à charge de célébrer tous les ans à perpétuité son anniversaire ;
» En 1258, saint Louis vint à Massay et y confirma les privilèges de l'abbaye (folio 72 du chartrier) : Béchereau a vu le titre de confirmation ;
» Chaque serf que l'abbé affranchissait devait deux sols six deniers (Sac XXV);
» En 1200, il y avait des forges près de Dady, qui produisaient à l'abbaye 25 sols par an (Sac II) ;
» En 1316, le vendredi d'après la fête de la Nativité de la Vierge, il y eut en Berry un grand tremblement de terre (Sac XI) ;
» Le folio 25 du cartulaire nous fait savoir qu'à Bourges la maison d'hospice des moines de Massay avait été acquise en 1221 de Pierre
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