Extrait de " Mes bien-aimées." Par Lucien Jeny. Edition 1898.
Mehun-sur-Yèvre:
A ton cher souvenir je demeure fidèle,
Mehun au fier donjon estompé par les ans
Dont les murs échancrés projettent leur dentelle
D'ombre, sur la pelouse où courent les enfants.
O débris crevassés que le lierre parsème,
Gardez trace toujours de nos pas d'autrefois,
Ce parfum de jadis que malgré tout l'on aime,
Les échos affaiblis de nos lointaines voix.
Afin que si jamais, après bien des années,
Tous deux nous revenons courbés, les cheveux blancs,
Evoquer près de vous les heures fortunées
Où nous nous sommes vus jeunes, émus, tremblants,
Nous vous trouvions encor debour comme naguère
Et que, sous vos créneaux, rappelant le passé,
Remémorant le temps par nous vécu sur terre,
Appuyant une main sur notre front plissé,
Nous disions à vos pieds, presqu'au seuil de nos tombes,
L'hymne tristement doux des dernières amours,
Sous les roucoulements infinis des colombes
Au faîte ensoleillé des toits des alentours.
De Roy-Six: Né à Mehun, habite levallois. (de "La Proue" edition 1935).
J'etais seul.
Elle vint..
Et puis...
et puis...
Le rossignol chante
sur la feuillede peuplier...
Ecoutez mon coeur chanter.
La neige tombe.
Les lourdes volutes d'opium...
Une clochette tinte
au fond du tapis...
Ton corps
et la fresque des fleurs...
Extrait de "Revue des jeunes poètes". Edition du 15 décembre 1877.
Mon vieux château (de Mehun-sur-Yèvre) sur l'air de la romance de Châteaubriand, intitulé l'Exilée.
T'en souvient-il encore, ma chère,
Du vieux château près la rivière,
Si fière?
C'est là que nous parlions un jour
D'amour.
Là s'oubliait dans la mollesse
Charles sept avec sa maîtresse;
L'amour y battait le rappel
Sans cesse;
L'écho répétait au castel
Sorel.
Agnés n'étant point la pucelle,
Ne fit pas beaucoup la rebelle
Qunad le roi lui dit ardemment:
Ma belle,
Mets donc un terme à mon tourment
D'amant.
Cependant l'ennemi s'avance,
Triomphant de la résistance;
Agnés témoin de ses progrés
En France,
Dit au roi: Paris au Anglais,
Jamais!
Château, le lierre est ta parure,
Tu rajeunis sous la verdure;
Et la chaux de ta vieille tour
Est dure;
Mais tu tomberas à ton tour
Un jour.
De toi j'ai douce souvenance,
Tu fus pour moi lieu de plaisance:
J'ai passé là les plus beaux jours
D'enfance
Jouant à l'ombre de tes tours
Toujours
V. Planchon