Extrait de "Mémoires de Godefroi Hermant,..."Par Godefroi Hermant. Edition 1905-1910.
Le P. Langlois, jésuite, prêchant cette année le carême a Mantes.s'emporta par de grandes invectives contrel es disciples de saint Augustin, dans le dessein de décrier M. Louistre, curé de la même ville. Il fit valoir autant qu'il put la chute de Labadie contre des personnes qui en gémissaient, et qui en étaient trés innocentes.et se trouvant autorisé par le doyen du chapitre et quelques chanoines, et par les officiers de la justice et du corps de la ville, il ne donna point d'autres bornes à sa passion que celles que sa maladie lui fil prendre malgrè lui en l'arrêtant au lit le jeudi saint, et l'empéchant d'achever ce qu'il avait com-
mencé avec tant d'aigreur et de scandale. Un capucin qui prit la place ne fut pas plus modéré, tant la conspiration contre la grâce de J.C était générale.
M. Callaghan, hibernois de naissance et docteur de faculté de Paris, venait d'être établi prieur curé de Cour-Cheverny; dans le voisinage de Blois. Pour satisfaire d'abord aux obligations d'une charge redoutable aux anges mêmes, il commença par instruire ses paroissiens d'un chrétien qui a violé l'innocence de son baptême, employant ses premières prédications a leur inspirer [L'horreur de ce] qui leur avait fait perdre un si grand bien, pour leur découvrir ensuite le souverain et l'unique remède que J.-C. a laissé à l'église pour la guérison de toutes nos maladies. Les Jésuites, ne pouvant souffrir ni ce langage si opposé
à leur doctrine relachée, ni le voisinage d'un homme qui ne leur était importun que par sa piété et son zèle, entreprirent aussitôt de le perdre d'honneur dans la province, et d'employer contre lui les armes ordinaires de l'injustice, qui sont les médisances et les diffamations,par lesquelles leur société croit relever sa réputation en noircissant celle des autres.
Le P.Brisacier,qui demeurait en cetemps-là dans leur maison de Blois,se chargea tres volontiers de cette illustre commission, et préchant le 2I de mars a Saint-Solenne de Blois, attaqua ce docteur et ce curé dans un lieue éloigné de sa paroisse,et ou il pouvait dire tout le mal qu'il voulait d'un homme de bien, sans que personne lui pût répondre. M.Callaghan ayant appris cet excès n'y répondit que par la penitence(sic),et tous ses paroissiens furent témoins,que ni
dans la chaire, ni dans la conversation, il n'était jamais sorti de sa bouche, ni d'aucun de ceux qui étaient avec lui, une seule parole qui pût témoigner du ressentiment. Mais sa patience irritant celle du P.Brisacier, Ie 29 de mars,dans la semaine de la Passion, il précha la sienne avec tant de violence que ceux qu'il attaquait crurent que ce sermon serait le dernier effort de sa haine, et le dernier effet de sa vengeance.
Ils se trompaient néanmoins dans cette pensée, car ses sermons n'ayant pas en le succès qu'il s'en était, promis, il eut recours aux intrigues pour leur donner plus de force. Par une entreprise nonvelle et inouie dans l'Eglise, il donna misston à une fille, en lui ordonnant sous peine de péché mortel de venir prêcher dans les rues de Cour-Cheverny, et d'annoncer à tous les paroissiens de ce bourg que leur pasteur était un hérétique, qu'il était a la porte de l'enfer,
et qu'il tachait d'y précipiter les autres. On ajoutait que le P. Brisacier viendrait en peu de jours, confirmer ce que cette fille disait, et prêcher hautement dans les rues ce qu'il avait prêché dans l'église de Saint-Solenne de Blois. On crut alors qu'il ne fallait plus négliger une réfutation qui était nécessaire au prochain, et on entreprit de répondre a ce sermon quil avait prononcé a Blois, le 29 mars, en divisant cette réponse en quatre parties, comme il l'avait
divisé en quatre points. M.du Trouillas était auteur de cette réponse. (Suit une transcription au style indirect de l'opuscule en question qui est imprimé sous le titre suivant:" Réponse à un sermon prononcé par le P. Brisacier, jésuites, dans l'église de saint Solenne à Blois, le 29 mars 1651).
un complément pour cette histoire: Callaghan
Extrait de " Mémoires de la société des sciences,..." Edition 1867.
l'action se passe autour de 1788: Malgré la surveillance que les municipalités exerçaient ou devaient exercer sur la collecte, il faut signaler des malversations de la part de certains collecteurs. Tel le nommé Thibault, boulanger du bourg de Cour-Cheverny, qui, « pour soutenir son état pendant la cherté des grains »,
avait détourné une somme de 825 Livres provenant de son recouvrement et, menacé de poursuites par le receveur particulier, écrivait au contrôleur général des finances pour en demander « la décharge ou un délai pour le paiement, en offrant de payer les intérêts ». « Il ne serait pas possible, répondit le contrôleur général Lambert à la Commission intermédiaire, de consentir à la remise que ce préposé sollicite : l'exemple d'une pareille facilité aurait les conséquences les plus dangereuses ; d'un autre côté, il est à propos d'éviter tout ce qui pourrait donner de l'éclat à ce divertissement de deniers; mais il est en même temps nécessaire que vous engagiez le Bureau intermédiaire a faire connaître à ce particulier, par quelqu'un de ses correspondants, combien il est
important pour lui de ne point s'exposer à la rigueur des règlements et de prendre des arrangements avec le receveur particulier des finances de Blois pour lui assurer le remboursement de cette somme » (Lettre du contrôleur généralle 27 sept. 1788). On voit que, si on imposait à tous les citoyens la lourde charge de la collecte, on montrait beaucoup d'indulgence, même pour les fautes les plus graves qui y étaient commises. On sait que l'ancien système d'impositions nécessitait l'emploi fréquent de la contrainte. Les contraintes étaient décernées par le receveur particulier des finances, visées par l'intendant ou son subdélégué et portées par les huissiers ou garnisaires.