SUITE:
"Quoique les cimetières approchent des bains pour l'étendue, ils ont passé inaperçus, à Gièvres et ailleurs ; c'est-à-dire que leur contenu a été brisé et dispersé , sans avoir été observé. Celui qui était au couchant de la ville, a été enlevé, il y à 40 ans; un autre, au côté opposé, l'a été récemment. Parmi ses
vases, j'en ai remarqué deux, brisés, qui avaient dû être des vases à vin (vasa vinaria), différents des amphores dont ils égalaient la capacité, par leur panse arrondie, et brusquement terminés inférieurement par un cône destiné à recevoir la lie ou le dépôt du mustum..."
..."On n'entrera pas dans le détail des divers objets trouvés à Gièvres et aux environs, vases, figurines, miroirs, fibules, jouets, styles, patelles, etc. Nous
mentionnerons seulement, comme des plus curieux, la tête en bronze d'une figurine, aux cheveux relevés sur le sommet, qui contribuent à lui donner un air terrible et une physionomie farouche, tout à fait semblable à celle de certains naturels de l'Amérique du nord. Qui a vu les Osages, peut se faire une! idée
de cette tête, sans doute celle d'un Gaulois chevelu. La plupart des objets trouvés à Gièvres ont été dispersés. Les voies romaines, du moins, se conservent sous la terre qui les couvre ; il ne s'agit que de les en dégager."
Extrait de "Mémoires de la société royale des sciences,..." Edition 1837-1852
Ils fournissent à l'auteur de la notice l'occasion de faire des rapprochemens très justes avec les objets de même nature trouvés dans le cimetière de Gièvres, département de Loir-et-Cher, et ceux trouvés dans l'ancien grand cimetière d'Orléans lors des constructions de la nouvelle halle, et qui ont fait l'objet de deux
mémoires particuliers pleins d'intérêt publiés par M. Jollois, et dont l'un est inséré dans les Annales delà société.
Extrait de "Bulletin de la société préhistorique de France." Edition 1904-1963
Cette année, dans mes pérégrinations en Loir-et-Cher, j'ai encore vu d'autres sépultures gallo-romaines. C'est à Gièvres, sur les bords du Cher, près de la voie romaine à'Avaricum à Coesaroduiium, de Bourges à Tours, l'ancienne ville gallo-romaine de Gabris, qui dut être relativement importante. De sa véritable
nécropole, M. de la Saussaye, ancien membre de l'Institut, a retiré il y a quelque cinquante ans, une quantité de vases et de curieux objets, en partie au Musée de la ville de Blois, auquel il les a légués. L'année dernière, M. Jouannet, instituteur, en cultivant son jardin, y a découvert plusieurs sépultures; je l'ai appris et je suis allé voir ses découvertes intéressantes. Les fosses peu profondes étaient à peu de distance les unes des autres. C'était sans doute le côté des enfants, car il y a rencontré une demi-douzaine de biberons et des timbales joliment décorées, en terre fine. Les vases ou autres objets étaient généralement trois par trois, à moins de 0m50 de la surface du sol. Dans le terrain sablonneux de la Sologne, les vases faciles à extraire étaient intacts, à l'exception de ceux qui, n'étant pas enterrés assez profondément avaient été brisés par la culture. En cet endroit le sol est couvert de débris de poteries gallo-romaines et on y a trouvé beaucoup de monnaies ou médailles recouvertes d'une belle patine. Les cen- dres et les ossements calcinés étaient en assez petite quantité,
avec des traces de charbon. L'incinération a eu lieu certainement dans un endroit spécial; la localité était assez importante pour avoir un four ou bûcher spécial. Peut-être les restes étaient-ils enfermés dans de petits cercueils, car M. Jouannet a trouvé dans ses fouilles un certain nombre de clous de fer qui sembleraient le démontrer.
Extrait de "Revue des société de la France..." Edition 1856-1882.
Après nous avoir présenté le nom de la ferme de Poulina comme un témoignage du culte d'Apollon dans ce pays, a l'époque romaine, et nous avoir rappelé le rôle joué par Neptune dans Ja légende de Saint-Eusice et dans les superstitions populaires du confluent de la Sauldre et du Cher, l'auteur du mémoire nous montre la trace du culte de Jupiter dans cette inscription recueillie à Gièvres sur une serpentine noire, percée au centre en forme de grains de collier PIXTIONOVIMXMORVCIN. H traduit ainsi, décomposant les doubles ou triples PIAVIT IOVI IOVI MAXIMO RVCIANVS. On conviendra que l'interprétation est terriblement hasardeuse. J'en dis autant des inscriptions lues par M. Bourgoing sur des anneaux, et. dont il prétend tirer la preuve du culte d'un Génie local.
Dans la récente reconstruction de l'église de Selles, on a fait servir des colonnes qui, de temps immémoriat, gisaient sur les dalles le long des murs; ces colonnes, dont le marbre blanc est tout a fait semblable à celui des bains gallo-romains de Gièvres, provenait peut-être des anciens temples païens de la contrée. M. Bourgoing nous décrit encore deux pierres sigillaires de pharmacopole; l'une de ces pierres est une serpentine verte qui porte les deux inscriptions suivantes sur deux de ses côtés C. ROMANI STEPHANI AD RECENT CICatrices, et C. ROMANI STEPHAN AD DIATHESES TOLlendas.
Nous nous associons pleinement aux plaintes éievées par M. le docteur Bourgoing contre l'insouciance ou le vandalisme qui ont réduit presque à rien ce qu'on pouvait attendre de la découverte des bains de Gièvres. Les dalles en marbre blanc ont toutes été brisées. Dans les tranchées, on a reconnu un parallélogramme de murs épais de plus d'un mètre, et des carrelages a hauteur inégale sur la pente du coteau. Puis on a retrouvé un petit aqueduc, des
tuyaux de conduite, et enfin des chambres revêtues de peinture rouge et verte.
Le cimetière voisin n'a pas été mieux traité M. Bourgoing a recueilli des vases brisés, dont quelques-uns portent des inscriptions tracées à la pointe. L'une de ces inscriptions, faite avant la cuisson, sous le fond et circulairement, est !ue comme il suit par l'auteur du mémoire XAIRETE AMBO 0 DILECTISSIMI, XAIRETE
OMNES, VIVITE SALVI. Une autre, gravée après cuisson sur l'épaule du vase, donnerait Chaire (pour Vale) amor noster. Nous n'avons pas vu ces vases, mais nous savons combien les inscriptions cursives sont ordinairement difficiles a lire. Bien qu'on le rencontre parfois, ce mélange de grec et de latin et surtout cette combinaison d'une lettre grecque avec des lettres romaines, nous mettent en défiance contre le déchiffrement proposé.
Bien d'autres objets ont été retrouvés à Gièvres ou aux environs, vases, figurines, miroirs, fibules, jouets, styles, pateties, etc. M. Bourgoing mentionne en particulier une tête en bronze, aux cheveux relevés sur le sommet; il y voit l'image d'un Gaulois chevelu. Nous pensons qu'il est permis d'y reconnaître un petit Génie; on en connaît dont la coiffure est toute semblable.
S'il était indispensable que le canal du Berri passât au travers de ces antiquités gallo-romaines, ne pouvait-on du moins laisser aux archéologues le temps d'en relever les plans, d'en reproduire les principaux aspects, et surtout d'y recueillirtous les objets dignes de figurer dans un musée? Les fouilles de Gièvres, ainsi dirigées, auraient suffi sans doute, avec les autres trouvailles faites en Sologne et dans le Blésois, pour constituer à Blois une collection comparable aux meilleurs musées d'antiquités de la province.
GUSTAVE BERTRAND,
Extrait de"Bulletin monumental" Edition 1834.
la description des urnes funéraires trouvées dans les cimetières Gallo-Romains de la Sologne, forme une des parties les plus intéressantes de l'ouvrage. M. Jollois avait déjà donné un très bon mémoire sur les sépultures de Gièvres , avec des planches très bien dessinées. M.de Caumont en avait fait mention, d'après lui, dans le 2ème volume de son cours d'antiquité. M. de la Saussaye est entré sur les sépultures des différents cimetières comparés, dans les détails très importants à bien connaître.
Nous citerons entre autres le passage suivant:
"A Gièvres comme à Soings, à Neung, et d'autres localités où j'ai exploré également des cimetières antiques, dit M. de la Saussaye, Jai trouvé les vases funéraires à la profondeur de 15 à 20 centimètres, dans le sable qui forme la couche supérieure du terrain de Sologne, et disposés généralement en groupes, plus ou moins nombreux, très rapprochés les uns des autres, et offrant parfois un arrangement curieux.
L'urne cinéraire, proprement dite, se trouve ordinairement accompagnée de vases à col étroit, avec ou sans anses, de coupes, d'assiettes ou patères de clous, de médalles, quelquefois d'objets de toilette, tels que fibules ou agrafes, boules de collier, miroirs métalliques, etc. Dans la plupart des urnes, les plus remarquables par la finesse de la pâte ou la délicatesse des formes, et qui avaient reçu sans doute les cendres de personnes riches, était déposée une de ces petites fioles de verre auxqulles on a donné long-temps le nom de lacrymatoires, et sur lesquelles les opinions ont varié depuis. Les objets en verre étaient du reste fort rares dans le cimetière de Gièvres, et à l'exception de ces fioles, on n'y a trouvé qu'une seule urne cinéraire et un seul vase ansé.On a découvert plusieurs fois des urnes cinéraires qui ne contenaient ni cendres ni ossements. Peut-être répondaient-elles à ces tombeaux appelés cénotaphes, parce qu'ils étaient vides..."