Histoire 2

 

Extrait de "Annale de la société historique et archéologique du Gâtinais." Edition 1883-1939.

  Godemar III, dit le jeune pour le distinguer de son père, fut seigneur de Méréville, de Mennetou, de Rougemont, d'Aschères, de Teillay-Saint-Benoit. Il plaidait en 1393 pour ces terres, qui avaient sans doute été rachetées depuis 1385.
  Le sergent de Méréville, Jean Cochon, se trouva compromis au milieu d'un désordre qui fit grand bruit. Irrité contre le tabellion et le prévôt de la ville, il l'accabla de pierres et de coups. Arrêté par les gens d'armes, " il se rebelliona" . Néanmoins, craignant que les mauvais traitements ne recommençassent, le seigneur le fit remettre entre les mains de la justice. L'affaire fut portée devant le seigneur d'Autruy, sénéchal de Méréville; ce dernier instruisit le procès, et au mois d'avril, après Pâques, le sergent fut condamné à être enfermé dans les prisons du vicomte de Méréville. Le seigneur, indulgent et bon, lui pardonna, mais à la condition que le suppliant serait tenu d'aller pieds nus et sans coiffe, en pèlerinage à l'église de Notre-Dame du Puy en Auvergne. Ces sortes de pénitences étaient alors communes en France, même à la fin du quatorzième siècle. Répondant à l'appel que Sigismond, roi de Hongrie, avait fait à tous les princes chrétiens et particulièrement aux chevaliers français, Godemar se rangea sous la bannière du comte de Nevers, cousin-germain du roi, en compagnie d'un grand nombre de gentilshommes vaillants et généreux. Il tomba sur le champ de bataille de Nicopolis, sous le cimeterre de l'infidèle c'était le 28 septembre 1396. Sa veuve, Agnès Trousseau, fille de Jacques Trousseau, vicomte de Bourges, et de Philippe de La Châtre, eut le bail de ses enfants et plaidait en cette qualité en 1402.
Elle avait de son mari

Godemar, qui vivait en 1406;
Jeanne, dame de Mennetou et de Méréville;
Jeanne, dame de La Ferté-Gilbert, mariée à Jean de Brizay;
Marguerite, épouse de Jean d'Argenton;
Françoise, femme de Jean de Gamaches.
Le chanoine Hubert lui donne une autre fille nommée Agnès, alliée à Jean de Miramion, dame de Rougemont et de Teillay-Saint-Benoit'.

                          Godemar IV et Jeanne de Linières (1396– 1411)
  Si Godemar IV fut seigneur de Méréville, ce fut dans les premières années du xve siècle, et il est probable qu'il mourut jeune sans avoir contracté d'alliance. On conçoit que pendant une certaine période de tutelle ou de minorité, des vassaux ambitieux qui n'avaient à Méréville aucun souvenir de famille aient usurpé des droits de suzeraineté qui ne leur appartenaient que d'une façon trop douteuse. Il est vrai de dire que les terres se donnaient ou se vendaient alors avec droits de mouvance ou de retrait lignager. C'est alors que régnait à Méréville, pendant la minorité de Godemar et la tutelle d'Agnès Trousseau, Guyot du Chesnay. Il avait épousé, vers 1
35o, Jeanne de Chartres, fille de Philippe de Chartres, et de Marguerite de Vaularron. Il eut de cette alliance Perrette Du Chesnay, qui se maria à Robert Le Comte, seigneur de Boissy-le-Girard. Le chanoine Hubert parle de Guyot dans les années 136o, 1364, 138o. Il vivait encore au mois d'avril 1406, puisqu'il est fait mention de lui dans une lettre de rémission délivrée en faveur de Jean Le Closier. Cette lettre constate que ce dernier a reçu huit sols parisis « par » l'ordonnance de Guyot du Chesnoy, lors chastellin  du chastel de Mérinville ».

                      Jeanne de Linières (1411 1446)
  Jeanne de Linières, qui fut dame de Mennetou et de Méréville, épousa Dreux de Vaudenay.
  Nous voici arrivé à la période la plus troublée de notre histoire nationale. Des nuages précurseurs de l'orage s'amoncelaient dans le ciel, le désespoir s'emparait de tous les cœurs, on maudissait le duc d'Orléans et les autres seigneurs qu'on rendait responsables de tous les maux. 
 " L'an mil quatre cens et trois, le jeudy vingt cinquiesme jour d'octobre, en la présence de moy Jehan Robert, tabellion de Yenville, vint en sa personne Jehan Gilebert demeurant à Montereau, paiis de Méreinville, lequel congnut et confessa de sa bonne voulenté et sanz aucune contrainte, que dimanche derrenier, passé environ heure du soleil couchant, ung appelé Langlois, demeurant audit Montereau, lui vint dire que les gens de Monseigneur le duc d'Orléans cstablis à Anger-ville-la-Gaste faisaient plusieurs dommages en cest paiis, lequel il respondit qu'il y avoit un long tems qu'il n'y avoit eu duc en la duché d'Orliens ou que encore vous est-il mieulx que ce duc cy feust pendu par la gorge et sa compaignie avec luy que il feust entré dans cest paiis cy."
  S'il en était ainsi, en 1403, quel ne dut pas être l'état de cette contrée, lorsque l'invasion civile et étrangère couvrit de champs de bataille le territoire!
  La France se décomposait chaque jour, le duc de Bourgogne répandait traîtreusement le sang de son cousin le duc d'Orléans (1407). Alors deux partis se
déchiraient à l'envi sur le seuil de la patrie. La haine et l'animosité régnaient entre les princes de la maison de Bourgogne et de celle d'Orléans. Le jeune duc, moins puissant que son ennemi, fut obligé d'appeler les Anglais en France, pour se procurer des secours. Ne pouvant leur payer 320000 écus qu'il s'était obligé de leur donner pour les services rendus, il leur permit de vivre à discrétion dans ses domaines, ce qui exposa les petites villes, les bourgs et les villages de la Beauce et de l'Orléanais à des ravages continuels. Écoutons le religieux de Saint-Denis  " Les crimes les plus inouïs, les désordres les plus graves, telles étaient les actions auxquelles se livraient des seigneurs indifférents à tous égards de la vengeance divine et humaine, dignes d'être jamais engloutis dans les entrailles de la terre, avec Dathan et Abiron, sans parler de ceux qui, à Janville, Toury et dans d'autres communes de la Beauce, commandaient au nom du duc d'Orléans.
Semblables à des infidèles, ils livrèrent aux flammes l'église de Chilleurs et de deux autres paroisses, parce que les habitants, qui s'étaient réfugiés dans ces asiles, avaient refusé de se rendre à leur discrétion. Vieillards, malades, mères et enfants, femmes avancées en âge, au lieu du salut qu'ils avaient espéré, ne trouvèrent que la mort dans cet incendie. " 
   Des deux partis, celui qui dominait faisait tour à tour conduire au gibet, massacrer et brûler ceux qui étaient du parti contraire. En 1413, toujours d'après le chroniqueur de Saint-Denis, Hélion de Jacqueville, accompagné d'un Breton, se mit à la tête des Bourguignons, et cette faction n'agissant qu'au gré de ses caprices et de sa fureur, plongea l'Etat dans la plus affreuse anarchie....

....En 1443, c'est-à-dire à l'époque de la mort de Jean de Linières, évêque de Viviers, la succession du prélat donna lieu à de grandes difficultés, et un procès s'engagea au Parlement. Françoise de Linières, femme de Jean de Gamaches, et Marguerite, épouse de Jean d'Argenton plaidaient contre Jeanne, leur sœur, et contre Isabelle, leur tante, mariée à Jean de Châteauneuf, « qui s'étaient emparées de la succession de leur oncle ».
   Mennetou resta en définitive à Jeanne de Linières, qui en fit aveu le 13 août 1451 Elle fut sans doute obligée de vendre Méréville pour payer ses dettes et
procès. Elle avait contracté mariage avec Dreux de Vaudenay, écuyer, seigneur de La Motte-Sully. Elle mourut vers 1459, et son fils Claude de Vaudenay,
chambellan du roi, capitaine des nobles du duché de Berri, fit foi et hommage le 1er novembre 1459 et fournit son aveu et dénombrement le 20 janvier 1467.



Extrait de "Mémoires dfe la société des sciences et lettres de Loir et Cher."Edition 1867

   "J'ose vous supplier..., écrit un membre de la municipalité de Mennetou-sur-Cher, de vouloir bien prendre en commisération l'état malheureux dans lequel se trouve les trois quarts au moins des habitants de cette ville, qui sont de simples vignerons travaillant les vignes de propriétaires peu aisés, qui se trouvent désespérés de la perte que leur a occasionnée la gelée de l'hiver dernier, qui a fait périr les deux tiers des ceps....

...Un membre de la municipalité de Mennetou déclare que les propriétaires de vignes sont "hors d'état de pouvoir en faire continuer la culture et, é ce moye, d'employer ces infortunés ouvriers, qui par défaut de travail joint à la cherté du grain manquent absolument de pain.(Lettre du procureur fiscal de Mennetou, le 24 Juin 1789)

                     

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