Extrait de "Le droit populaire." du 10 septembre 1881.
...Le 24 avril, vers dix heures et demi du soir, Mr Bonard se présentait chez la femme Griveau, demeurant à Montrieux, dans l'intention de voler l'argent qu'il pourrait trouver chez cette femme. Il savait que le sieur Griveau était absent. Accueilli sans méfiance, parce qu'il avait annoncé à la femme Griveau qu'il était chargé de lui remettre un paquet, il se fit servir à manger et entama une longue conversation avec cette femme; puis profitant d'un moment où elle tourne la tête, il tire de sa poche un pistolet (celui-là même que huit jours auparavant il avait volé à sieur Trochoux, sa précédente victime), et tente de le décharger sur elle presque à bout portant. La capsule seule étant partie, il remet une capsule à l'autre canon et tire un second coup qui, heureusement, rate comme le premier.
Vous voulez donc me tuer! s'écrie la malheureuse.
J'en ai tué bien d'autres, répond-il; qu'est-ce que la vie d'un paysan!
Cependant la jeune Ernestine Griveau, agée de huit ans, réveillée par le bruit, implore la pitié de l'assassin; celui-ci l'écarta en la frappant violemment à l'aide d'une bouteille qui a été retrouvée le lendemain portant encore des cheveux qui y étaient collés. En même temps, désespérant de faire partir son pistolet, Bonard le saisi par le canon et frappant le femme Griveau à coups de crosse, il lui fit de graves blessures. Elle parvint enfin à s'échapper, en allant chercher un refuge chez des voisins, et bientôt Bonard, craignant sans doute une intervention étrangère, s'enfuit à son tour. Arrêté peu de temps après par le gendarme Baras, Bonard lui déclare que si son pistolet n'avait pas raté, il aurait tué tous les habitants de la maison Griveau et aurait volé ensuite. Traduit devant la cour d'assise de Loir-et-Cher, ce bandit a déclaré être braconnier de profession et a avoué son double crime (celui de Trochoux). Il a été condamné à mort...