Extrait de "Mémoires de l'académie des sciences, art et belles-lettres de Dijon." Edition 1830.
En plus des poissons, les étangs de Sologne offraient alors la ressource des sangsues. Vers 1850, les sangsues, vendues en pharmacie, provenaient presque exclusivement des départements de l'Indre, de Loir-et-Cher, du Loiret. Deux centres d'élevage existaient à Saint-Viatre et à Marcilly-en-Gault. Celui de Saint-Viatre était le plus important. Un étang servait uniquement à l'élevage des sangsues. Il portait le nom sinistre de Tremble-vif, parce que la fièvre régnait ax alentours à l'état endémique.
De vieux chevaux étaient achetés, à raison de quinze à vingt francs. On les faisait entrer dans les étangs; les sangsues se collaient après eux et leur suçaient le sang jusqu'à ce que les malheureuses bêtes ne tombassent épuisées. On les sortait alors de l'eau, on recueillait des milliers de sangsues dont elles étaient couvertes, on faisait "dégorger" celles-ci dans de l'eau couranteavant de les mettre en vente.
Le braconnage des sangsues existait comme celui du gibier. Avec des poules trop vieilles, des chiens trop âgés, souvent même sur eux-mêmes, de pauvres diables attiraient les sangsues et allant de ferme en ferme, vendaient leur marchandise contre quelques sous.